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Née en 1975 à Anderlecht , Méa Theunis vit à Gilette.

Passionnée par la photographie, cette jeune artiste belge commence à expérimenter ce médium il y a une dizaine d'années.

Issu de nombreuses influences telles que l'impressionisme, le surréalisme, le land Art mais aussi l'école de photographie de Düsseldorf, son travail mêle tout à la fois rigueur et saisissement dans une forme de décalage où l'image échappe parfois à son contexte et oppose alors à la réalité un genre de doublement.                                                                                                      

Affirmées par de longs temps de pose, les figures qui émergent révèlent au moyen de détails et points de vue singuliers, un flottement quasi silencieux jouant entre les enjeux romantiques de la contemplation et une approche objective qu'on pourrait qualifier de plus documentaire.

 

La diversité des séries alliant paysages, montages ou recherches formelles vise à souligner par une forme de distanciation la place essentielle du regard mais aussi plus largement, les enjeux de l'image dans notre rapport au monde.

Méa Theunis

"Des photographies extraites de magazines. Papier glacé, design léché, mannequins lookés et une saturation de codes. Des intérieurs-modèles inhabitables à force de  perfection. Méa y dépose un petit bonhomme bleu, se joue de la perspective, et crée un basculement. L’image mise en abyme devient, non plus un modèle auquel aspirer, mais un décor comique. C’est l’irruption du schtroumpf qui, paradoxalement, rend ces décors habitables, qui leur confère un semblant d’humanité. D’ailleurs, si l’on compare le petit bonhomme bleu allongé dans le canapé, au rocker vêtu de noir arborant avec fierté barbe de trois jours, lunettes de soleil et vinyl viril, on s’aperçoit que le plus schtroumpf des deux n’est pas celui qu’on croit.

     Dans la série "Les djinns", on retrouve le même procédé avec de nouveaux acteurs. Le cadre n'est plus une image d'intérieur tirée d'un magazine mais un espace urbain choisi par l'artiste. Ce décor, comme pour la série Gamobil n'est pas habitable en l'état. Il faut créer ce basculement qui permette de ré-humaniser le lieu, de tisser un lien entre l'homme et l'architecture. Tisser un lien? La lumière justement ourdit des fils et la photographie se fait toile. 

     Un morceau de tôle ondulée servant de fond à la composition, au centre de l’image, une lanterne se transforme en petite lune portative et grimaçante. La composition, où toute perspective a disparu, oppose des influences postmodernes (les bandes de la tôle font penser aux peintures minimalistes, le choix du sujet rappelle les premières photographies des artistes du Land Art) à un élément quasi romantique : la lune portative. Mais s’agit-il à proprement parler d’une réintroduction du romantisme? Regardez la face grimaçante de cette lune, sa tête ronde et chauve, sa barbe verdâtre ! Puis cet égoïsme (‘la lumière, je la garde pour moi’). Le symbole romantique est vidé de sa substance, il est mis à distance, réduit aux grimaces, au burlesque, mais étrangement par là-même, il opère à nouveau.

     Nous retrouvons dans cette opposition, une des problématiques essentielles de l’art contemporain : Mettre sur un même plan le postmodernisme et les mouvements artistiques antérieurs (surréalisme, romantisme, symbolisme…). Les artistes contemporains ont rangé les manifestes avant-gardistes, ils ont conscience que toute révolution est illusoire. Leurs productions témoignent de notre condition de passager, de la temporalité de notre séjour.

     La temporalité c’est justement le point de ralliement des différents séries de l’artiste. On voit émerger des images ou des compositions, rendues visibles uniquement par le filtre de l’objectif (longueur des temps de pose). Ces scènes insaisissables par la rétine témoignent de la beauté fantomatique du monde et résonnent comme autant d’invitations à regarder et habiter autrement notre univers." Rayas Richa

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